Pourquoi les PC d’entrée de gamme vont devenir plus intéressants que jamais !


Avec sa nouvelle série de puces « N » Intel réinvente son offre d’entrée de gamme. Des processeurs bas coût et basse consommation, mais dont les cœurs CPU sont très capables et qui s’appuient sur des éléments réellement modernes, autant graphiquement qu’en multimédia. De quoi donner un gros coup de boost aux machines entre 350 et 600 euros.

Pas la peine de se mentir : le PC portable à 399 € que vous avez acheté en dépannage d’urgence pour la famille pendant le premier confinement de 2020 est une brouette. Acheté dans l’urgence pour assurer les cours des petits en visioconférence, cette machine tire déjà sa révérence. Si l’écran de ce (15 ?) pouces était tout juste passable, son processeur et les composants qui l’entourent étaient, eux, déjà dépassés lors de sa première utilisation. L’entrée de gamme des PC étant malheureusement trop souvent un enfer de composants bas de gamme…

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Alors que la RAM et le stockage vont voir leur prix baisser dans les semaines et mois qui viennent, un vent de progrès souffle sur les processeurs d’entrée de gamme du côté de chez Intel. Car en marge de sa horde traditionnelle de (puissants) Core de processeurs de 13e génération bardés de cœurs à très hautes fréquences, Intel a profité de ce début d’année pour lancer des puces bien plus modestes… mais dont l’impact est, à notre avis, bien plus important pour le très grand public. Et même plus important tout court.

Une nouvelle gamme discrète de seulement quatre processeurs, les “N-Series”. Pourtant, l’impact de ces puces d’entrée de gamme est potentiellement bien plus important pour le confort de millions d’utilisateurs que les évolutions entre les deux dernières générations de Core i7 portables !

Face à la palanquée de processeurs qu’Intel a lancé pour les tours et PC portables moyen à haut de gamme, nous parlons ici de quatre petites références : deux Intel Processor (ne riez pas, on se moque toujours de cette nouvelle dénomination) et deux Core i3, dans l’ordre croissant des performances qui appartiennent à la famille Alder Lake-N (et non pas Raptor Lake). Quatre puces modestes par rapport à leurs grands frères… mais qui ont dans la manche des promesses de gains de performances sans commune mesure avec ce que les Core i5/i7 ont entre eux.

Gracemont : des cœurs CPU petits, mais costauds

Les Core de 12e génération ont introduit deux types de cœurs CPU : les cœurs hautes performances notés P et les cœurs efficaces notés E, dont le nom de code est Gracemont.

Point de cœurs hautes performances notés « P » dans ces quatre processeurs entrée de gamme. Intel a fort logiquement réservé ses gros cœurs (ils prennent beaucoup de surface sur une puce) « Raptor-cove » pour ses puces plus chères. Mais les cœurs CPU intégrés dans ces Core i3 et Intel Inside sont bien les mêmes cœurs « E » que ceux de leurs grands frères. Des cœurs dits « efficaces » (efficient) et donc moins consommateurs en énergie. De leur nom de code « Gracemont », ils ne sont pourtant pas manchots puisqu’ils auraient, selon les dires d’Intel, « le même niveau de performance que les cœurs Skylake de 6e génération », les cœurs CPU des PC haut de gamme de 2015. C’est certes loin, mais non seulement les performances étaient bonnes, mais surtout à l’époque aucun processeur portable ne dépassait 4 cœurs physiques (8 cœurs logiques). La présence de huit cœurs physiques dans les Core i3  (qui ont fait leurs preuves dans les Core de 12e et 13e génération) laisse à espérer de très bonnes performances dans les tâches classiques.

Pour mettre en lumière le progrès de performances par rapport à la génération précédente, Intel a utilisé comme mètre étalon le Pentium Silver N6000. Une puce de génération Jasper Lake (2021) qui se fait pulvérisée par les nouveaux venus : le Core i3-N305 serait presque x2 fois plus performant en puissance CPU et x2,5 plus performant dans le domaine graphique ! S’il faut rappeler que le Pentium Silver N6000 n’est pas un foudre de guerre, ce CPU arrive à faire tourner Windows. Le supplément de performances nous laisse espérer une expérience (enfin !) dépourvue des ralentissements que se traînent les processeurs d’entrée de gamme d’Intel depuis belle lurette.

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Et en plus de ces performances équivalentes aux anciens fleurons d’Intel de 6e génération  – voire supérieures pour les Core i3 (huit cœurs physiques, fréquences boost, architecture optimisée, etc.) – les quatre nouvelles puces ont deux avantages de poids sur leurs ancêtres : leur consommation énergétique et leur moteur multimédia.

Consommation énergétique minimale, décodage vidéo AV1

Intel, comme les autres, conçoit ses processeurs autour de blocs technologiques (les IP). Pour cette génération de puces, Intel a pris les blocs technologiques de 12e génération et a créé une puce sans cœurs haute puissance.

Toutes ces puces sont gravées dans le procédé appelé Intel 7. Un précédé 10 nm avec une grande densité de transistors qui équivaut (dans ce domaine) à celle du 7 nm de TSMC – d’où le nom. À côté, le procédé 14 nm des années 2015 d’Intel est largement moins efficace en matière énergétique, car bien plus ancien. Si on considère que les cœurs Gracemont sont effectivement équivalents aux Skylake 6e génération, la puce qui s’approche le plus du Core i3 N300 est le Core i7-6920-HQ, soit la puce portable la plus puissante de l’époque ! Quatre cœurs physiques (et donc 8 tâches grâce au multithreading) et une vitesse turbo de 3,8 GHz. Une puce dont le TDP oscillait entre 35 et 45 W, alors que les Core i3-N300 et N305 affichent respectivement 7 W et 15 W. Pas besoin de vous faire un dessin : un Core i3-N300 sera approchant… pour une consommation énergétique cinq fois inférieure. N’attendez pas des autonomies effectives quintuplées cependant. Outre le fait que le processeur ne soit pas le seul élément consommateur d’énergie, les PC d’entrée de gamme ont rarement des super batteries. Mais on est en revanche en droit d’attendre des PC qui ne chauffent pas, et totalement silencieux. Le Core i3 nous paraît tellement intéressant qu’il pourrait même être intégré dans des châssis plus ambitieux.

Autre force de cette nouvelle génération de puces : le coprocesseur multimédia, cette partie spécialisée du CPU qui prend en charge l’encodage et le décodage des vidéos. Il faut rappeler ici que si un processeur central (CPU) générique peut théoriquement décoder de manière « brute » n’importe quel flux vidéo, il le fait de manière peu efficace. C’est pourquoi les ingénieurs conçoivent des briques spécialisées dans ce domaine, et leur attribuent quelques mm² dans les puces, qui ne sont certes pas polyvalents, mais qui sont très (très !) efficaces en vidéo. Cela libère des cœurs du processeurs et consomme seulement une petite fraction de l’énergie.

Pour la première fois, Intel a fait descendre son moteur multimédia le plus moderne dans des puces si peu chères. Ce qui fait que les quatre puces dont nous parlons décodent matériellement non seulement les fameux h.264 et h.265 (ou HEVC), mais aussi le tout nouveau codec AV1. Plus performant que les deux précédents codecs cités, ce codec est utilisé par Netflix ou YouTube pour limiter l’utilisation de la bande passante, mais a comme défaut de demander de la puissance supplémentaire pour le décodage… ou un moteur multimédia récent. Et coup de chance, Intel en a un dans la manche.

GPU plus puissant et Wi-Fi 6E pré-branché

Aux côtés des cœurs CPU, Intel a (là encore) pour la première fois intégré ses cœurs graphiques (GPU) Xe. Oui, celle-là même qui motorise ses cartes graphiques dédiées – mais avec moins de cœurs, des fréquences moins élevées, etc. Vous pouvez lire non seulement nos articles sur les architectures sur les technologies GPU, mais aussi ceux dédiés aux produits dans lesquels nous avons déjà mis le GPU Xe à l’épreuve. Vous y découvrirez que les plus puissants des Core i5 et i7 équipés de 96 unités d’exécutions (appelées EU) peuvent faire tourner à peu près confortablement les jeux 3D, même les plus récents.

Avec seulement 32 EU cadencées à 1,25 GHz, voire seulement 24 EU à 750 MHz pour le petit N200, aucune de nos puces ne peut prétendre aux mêmes performances que ces processeurs plus haut de gamme. Ce d’autant plus que le bus graphique est limité à 64bit et que la mémoire utilisée est puisée dans la RAM (procédé moins rapide que de la mémoire graphique dédiée). Mais on aura déjà de quoi profiter d’une accélération 3D matérielle plus moderne, que ce soit pour des filtres sous PowerPoint ou pour lancer quelques jeux indépendants comme Hades et autres Dead Cells.

Autres éléments de modernité, les prises en charge du WiFi 6E (dernière norme en date), des dernières interfaces de webcam ou encore la réduction de bruit matérielle. Des raffinements dont seules les puces haut de gamme profitaient jusqu’ici, et qui vont offrir (presque) le même niveau de confort lors des vidéoconférences que celui des PC plus chers… Presque, car il reste évidemment de nombreux avantages aux puces premiums. Même si le segment de l’entrée de gamme se renforce chez Intel… et chez AMD.

AMD répond aussi présent

AMD, le concurrent d’Intel qui a longtemps vécu dans l’ombre du numéro 1 mondial dans le segment mobile, a fini par percer dans le monde haut de gamme… tout en continuant d’occuper sa position dominante dans l’entrée de gamme. Inventeur des APU – les processeurs PC qui intègrent une puce graphique – et longtemps écartés des PC portables premium avant l’architecture Zen, AMD poursuit son travail dans les PC économiques. Il pousse, lui aussi, de nouvelles technologies. Outre des cœurs Zen 2, AMD a fini par intégrer son nouveau moteur multimédia, ses cœurs graphiques RDNA2 dans des puces peu onéreuses. Mais, comme Intel, AMD limite le nombre des cœurs GPU autant pour des raisons de coût, que pour ne pas cannibaliser les ventes des modèles plus premium.

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Il faut en effet qu’il reste un intérêt à acheter un Core i5/ i7 ou un Ryzen 5/7. Et l’intérêt est toujours là : les puces plus haut de gamme sont toujours largement plus performantes. Que ce soit en vitesse de lancement des programmes (cœurs plus puissants), en multitâche (plus de cœurs), en matière d’applications ou jeux 3D (puces graphiques intégrées, RDNA ou Xe) ou en connectivité (Thunderbolt 4, USB 4). Mais force est de constater que les nouvelles puces d’AMD – et aujourd’hui d’Intel – pourraient bien être la mise à niveau qui élèvent les PC bas de gamme du rang de « de truelles frustrantes » à celui de machines (vraiment) suffisantes pour les usages (confortables) du quotidien. Et en ces temps difficiles économiquement, on ne peut que se réjouir d’une telle avancée technique qui va profiter aux bourses les moins garnies.



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